Soutenance

Laetitia THOMAS

le 22 novembre 2019
14h
Les business modèles de l'open source hardware

Composition du jury

 
Karine SAMUEL Grenoble INP Directrice de thèse
Bérangère DESCHAMPS Université Grenoble Alpes Examinateur
Peter TROXLER Université Sciences Appliquées de Rotterdam Examinateur
Christopher TUCCI Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne Rapporteur
Benoît DEMIL Université de Lille Rapporteur

Résumé


Pour préserver leur modèle économique, les entreprises ont longtemps protégé leurs processus d’innovation par des brevets. L’« open source hardware » est, au contraire, un processus collaboratif de développement de produits, où les plans de conception et « secrets » de fabrication sont accessibles à tous. La barrière entre concepteurs et consommateurs s’estompe, grâce aux outils de fabrication digitale, comme les imprimantes 3D ou les découpeuses lasers accessibles via des Fab Labs ou des Maker Spaces permettant aux citoyens de créer et de tester des produits beaucoup plus facilement. Partant d’un phénomène isolé, il existe maintenant 1200 Fab Labs dans 100 différents pays organisés en réseau, « the Fab City Network », dont le but est d’aider les villes à produire 50% des ressources qu’elles consomment d’ici quarante ans. Dans ce contexte, construire un drone pour dépolluer les océans, une ruche connectée, ou un filtre à eau en « Open Source Hardware » (OSH) vise à créer des solutions de manière plus rapide, efficace et à moindre coût. De plus, ces innovations sont gardées volontairement libres de droit. Elles constituent un « bien commun digital », une réserve de connaissances disponible sur Internet via des plateformes numériques. Selon Elinor Ostrom, qui a reçu le prix Nobel d’économie en 2009 « le défi de la génération actuelle est de garder les voies d’accès aux connaissances ouvertes ». Sans atteindre le succès des initiatives en Open Source dans le secteur des logiciels informatiques, ces initiatives n’ont cessé de se propager. Or, comment développer un modèle économique durable avec des innovations qui ont été co-construites et sont partageables par tous ? Nos questions de recherche sont les suivantes : 1) comment rentabiliser la création de valeur produite en OSH ? ; 2) comment étendre cette création de valeur à un ensemble de parties prenantes ? 3) dans le contexte de l’OSH quels sont les facteurs d’adhésions autour de ces modèles économiques ? L’OSH ne s'agit pas d'un phénomène propre à un seul secteur, entreprise ou territoire mais une transformation beaucoup plus globale. Pour chercher à comprendre les conditions nécessaires à la survie et à la montée en puissance de ce phénomène, nous avons mené une étude qualitative multiniveaux qui nous permettait d’étudier les niveaux communautaires, d’entreprise, et d’écosystème territorial, à la fois. La collection de données s’est faite en trois étapes successives. Dans un premier temps, des entretiens qualitatifs ont été menés auprès de vingt-trois initiatives issues de « l’Observatoire de l’Open Source Hardware ». Celles-ci devaient, bien entendu, correspondre à nos critères de recherche, à savoir le développement de produits mécatroniques ou textiles complexes et étiquetés ouverts par leur communauté. Puis, nous avons mené une étude de cas sur quatre acteurs du secteur automobile pour étudier leur réaction face à l’OSH issu de communautés d’innovation. L’étape finale consistait à mener une étude empirique sur les acteurs dans l’écosystème d’innovation d’OSH de la ville de Barcelone, choisie pour son rôle pivot dans le réseau des « Fab Cities ». Nos résultats montrent que ces initiatives sont fortement axées sur des valeurs démocratiques visant à mettre la technologie au service de l’humain. Cet ensemble inhabituel de valeurs constitue un puissant vecteur pour fédérer les acteurs, alors que le succès est mitigé au sein d’entreprises qui n'y adhèrent pas et appréhendent davantage les risques. Enfin, nous avons identifié une diversité de revenus possibles et configurables selon les besoins stratégiques d’une organisation : 1) le financement externe ; 2) la combinaison de produits et de services ; 3) les compétences stratégiques de l’organisation ; 4) le modèle plateforme ; et 5) et l’entreprise distribuée. Ensemble, ils permettent à une initiative en OSH de progressivement affiner son business model, accroître sa valeur, et augmenter sa portée.

 

Localisation

CERAG - salle RDC
Saint Martin d'Hères - Domaine universitaire
150, rue de la Chimie
Mis à jour le 15 novembre 2019